Rosé des Riceys : un vin de vigneron unique

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Appellation champenoise moribonde à la fin des années 1980, elle a su se reconstruire grâce à des familles vigneronnes passionnées, qui ont toujours cru au potentiel de ce vin unique. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il existe en Champagne, un village magique qui produit un rosé qui attire les curieux. Vin de garde d’exception, il accompagne les sommeliers qui aiment sortir de leur zone de confort.

Pour les non-initiés, les Riceys reste une énigme. Un nom familier, impossible à placer sur une carte. Situé à l’extrême sud du département de l’Aube, au cœur de la côte des bars, la couleur de ce vin interpelle. Une robe parée d’un rose profond qui tuile avec le temps. Pour obtenir la teinte souhaitée, chaque vigneron procède à une macération semi carbonique. Cette technique répandue dans le beaujolais, consiste à faire fermenter les raisins entiers (non éraflés) légèrement foulés dans une cuve assez large. Avec une surveillance accrue, le vigneron décide du moment clef pour saigner sa cuve (décuver).

Le résultat est passionnant. La couleur plus ou moins foncée imprime la signature du vigneron.

Parmi les nombreux producteurs du célèbre nectar, comment ne pas citer Pascal Morel. Fils de vigneron, président du syndicat pendant près de trente ans, il incarne ce qui se fait de mieux dans l’appellation. Aujourd’hui dirigée par ses deux enfants Emilie et Simon, la maison a toujours valorisé ce vin de gastronomie. « A la fin des années quatre-vingt, nous n’étions plus que trois récoltants-manipulants à produire du rosé des Riceys ». Une hérésie pour ce défenseur d’un patrimoine fragile. « Avec Pierre Horiot et Christophe Defrance nous nous sommes organisés pour convaincre les familles de relancer la production de ce vin de terroir ». A défaut de produire un vin acclimaté à son lieu-dit, de nombreux vignerons ont privilégié la bulle pour un meilleur profit.

Aujourd’hui l’appellation récolte le fruit d’un travail acharné. A présent, de jeunes talents émergent convaincu du potentiel de ce vin. Marie Sophie Defrance, Arnaud Gallimard, Frédéric Manchin incarnent cette génération de vignerons qui donnent un coup de fouet à l’appellation. Sébastien Bauser de son côté, réalise un travail de titan. Après un BTS viti-oeno à Beaune, il décide de rejoindre son père en 1992. Jamais à court d’idées, il a investi récemment dans une nouvelle cuverie. « Ce gain de place, me permet d’isoler plus de parcelles pour gagner en précision dans l’élaboration de mes vins » s’enthousiasme l’homme passionné par le pinot noir.

Comment ne pas évoquer le rôle prépondérant qu’ont joué les maisons Devaux et Alexandre Bonnet pour répandre la magie des Riceys ?
Pour Laurent Parisot et Alain Paillé, respectivement chefs de cave de ces deux emblèmes champenois, la Côte des Bar n’a plus de secrets. Le premier, fils de brasseur, entre chez Devaux en 1991. Avec ses équipes il vinifie un Riceys sur la parcelle de chanzeux « Personnellement, j’aime les rosés dans la jeunesse sur le fruit, mais ce n’est pas ce que nous vendons » précise ce passionné de randonnés pédestre. Le second Alain Paillé, mélomane averti souhaite redonner un second souffle à cette maison, appartenant au groupe Lanson. « Il y a quelques années, convaincu de leur potentiel, j’ai pris le soin d’isoler quelques parcelles » raconte ce fan de François Béranger.

Grâce à des vignerons qui privilégient le mono-parcellaire en recherchant l’expression même du terroir, l’avenir s’annonce radieux !

Les Riceys en chiffres :

  • Appellation née en 1947
  • 45 vignerons produisent du rosé des Riceys
  • 866 hectares de vignes plantées sur l’appellation

6 Rosés des Riceys à déguster (disponibles à la vente)

Emilie et Simon Morel ont pris avec brio la suite de leur père Pascal. Des vignes enherbées superbement entretenues, des raisins cueillis à maturité. Ils proposent un rosé des Riceys de haute volée, plein de gourmandise et d’élégance. Une référence sur l’appellation.

Frédéric Manchin incarne une génération qui tente de faire bouger l’appellation. Plus petit producteur de rosé des Riceys il vinifie son vin sur le lieu-dit « Pragnon ». Son 2016 est une grande réussite. Au nez, les pétales de roses séchées laissent place à une bouche souple et fraîche.

Michel Parisot, chef de cave emblématique de la maison depuis 1991, il vinifie un rosé des Riceys taillé pour la gastronomie. Le 2014 se déploie sur des notes légèrement lardées toute en élégance. Faites-vous plaisir avec un homard rôti dans ses sucs.

Maison appartenant au groupe Lanson-BCC, c’est Alain Paillé qui vinifie avec brio un rosé des Riceys de terroir depuis 1986. En plein renouveau, la maison compte bien valoriser ses parcelles. Le lieu dît « La Forêt » donne naissance à un vin remarquable élevé deux ans en bouteille qui s’exprime toute en souplesse. Les tannins poudrés sont foudus, un vin plein d’allant.

Au début des années 2000, Olivier ne vendait uniquement que ses rosés des Riceys. Les débuts étaient compliqués mais aujourd’hui Paris le demande. Sa cuvée « Valingrain » est remarquable. Située sur des sols marneux, elle se déploie toute en finesse avec de fines touches lardées, un délice.

Sébastien travaille de concert avec son frère Frédéric depuis le début des années 1990. Après des études à Beaune, il reprend le domaine avec la volonté de travailler des élevages précis sur des chauffes peu marquées par les tannins du bois. Son rosé des Riceys séduit d’emblée par ses douces notes réglissées, l’attaque est fraîche, la bouche est souple et gourmande.

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