Qui a dit que le travail des vignes ne se limitait qu’à des machines ? Certainement pas le Champagne de Sousa ! Puisqu’on adore les vignerons qui remettent les anciennes pratiques culturales au goût du jour, c’est au cœur d’Avize, dans la Côte des Blancs, que Grappers s’est rendu. Nous y avons rencontré Julie de Sousa, qui pratique le labour équin avec ses propres chevaux depuis 2019.
Capucine et Vidoc, les mascottes des De Sousa
Déjà proche de la nature depuis plus de 20 ans avec une conduite bio et biodynamique dans les vignes, un suivi du calendrier lunaire et une dynamisation de la vie microbienne à base de tisanes de plantes et de bouse de corne, c’est tout naturellement que les animaux ont, eux aussi, eu leur rôle à jouer au domaine De Sousa.
Mais on ne parle pas de n’importe quels animaux ! Nous avons ici affaire à deux véritables sportifs de haut niveau : Vidoc et Capucine, deux chevaux de trait de 10 et 13 ans en pleine force de l’âge ! Ce sont eux qui mettent la main à la “patte” dans le travail du sol, accompagnés de leur maîtresse Julie, pour qui le labour équin n’a désormais presque plus aucun secret.
Passionnée d’équitation depuis toute petite, Julie a sollicité ses parents pendant 28 ans pour avoir un cheval : “Je savais pertinemment que j’allais avoir mes chevaux un jour ou l’autre, je ne me voyais pas vivre sans, et maintenant je suis fière de travailler avec eux tous les jours !”
A 14 ans, Julie savait pertinemment qu’elle voulait travailler dans le monde du vin. C’est lors d’un de ses stages dans un domaine viticole bio, à Saint-Marcel d’Ardèche, qu’une révélation s’est opérée. Elle y a découvert, à seulement 17 ans, la traction animale et a alors réalisé qu’elle pouvait coupler sa passion pour les vignes avec son amour pour les chevaux !
Julie est allée chercher ses deux compagnons de vignes déjà dressés en Bourgogne. Leurs tempéraments cochent toutes les cases du cheval de trait idéal : calme, patience et délicatesse sans oublier l’écoute, car 80% du travail se fait à la voix !
Une expérience enrichissante au contact des chevaux qui s’est presque faite instinctivement : “J’ai appris beaucoup plus sur mes sols en 6 mois en ne travaillant qu’avec des chevaux, qu’en 2 ans avec les tracteurs !” nous affirme Julie.
Il est vrai que les avantages du labour équin sont multiples ! Contrairement aux robots, les chevaux permettent d’être au plus proche des pieds de vignes, ce qui permet de repérer les éventuelles tâches de mildiou ou d’oïdium qui commenceraient à pointer le bout de leur nez !
Un travail d’expert
Quant à l’emploi du temps de nos salariés équins aguerris, ne vous faites pas de soucis, l’inspection du travail n’est pas près de débarquer de sitôt ! Ces derniers travaillent environ 2h par jour sur près de 4 hectares. Pour info le domaine De Sousa s’étend sur 14 hectares dans 12 villages différents avec 87 parcelles… De plus, ils ne font pas d’heures sup’ et s’offrent même 3 mois de vacances d’août à novembre lorsqu’il n’est plus question de labourer les vignes !
Il faut cependant avouer que cet exercice, aussi bien physique que mental, finit par leur manquer pendant cette période… car tout comme les chiens de berger, s’ils n’ont pas de but précis, ils s’ennuient ! D’ailleurs côté canidé, comptez sur Yuzu, le Shiba Inu de Julie pour être la véritable mascotte du Champagne De Sousa, un titre à haute responsabilité !
Mais le plus gros du travail reste bien évidemment pour Vidoc et Capucine. Pendant la période automne-hiver, ils labourent et procèdent au buttage. La création de buttes contre les ceps permettra de protéger les jeunes vignes du gel et exposer cette terre à l’action du gel et du dégel qui détruit les graines des mauvaises herbes et rend la terre plus souple. Quant au printemps, les chevaux de Julie travaillent le sol pour éviter que l’herbe ne prenne trop le pas sur la vigne. Le débuttage est donc de mise. Vidoc et Capucine aplatissent les butées réalisées à l’automne pour que cette couche de terre aérée revienne à sa place initiale. Cette étape est le premier labour de la session.
Et quoi de mieux que l’expertise de nos deux équidés délicats pour une alternative aux machines modernes !
Ce n’est donc pas pour rien que le domaine De Sousa est très peu interventionniste dans ces vins. Julie nous explique : “Je suis persuadée que le fait de travailler avec des chevaux améliore la qualité du vin et des futures parcelles qu’on va planter ! Contrairement aux tracteurs, la présence animale favorise le bien être des plantes en ne provoquant aucune vibration dans le sol et donc peu de tassement”, nous confie-t-elle avant d’ajouter : “Je fais souvent rire les gens en disant ça, mais je préfère largement faire un câlin à mon cheval qu’à mon tracteur !”
Chaque année, 50 ares de plus sont travaillés par Vidoc et Capucine. Mais ce travail se fait de plus en plus rare puisque les chevaux de trait sont en voie de disparition. Ça n’étonnera donc personne que nos deux stars aient leur propre fan club à Avize ! Et une cuvée spéciale a même été dédiée pour honorer les fruits de leur labeur…ou plutôt devrions-nous dire de leur labour ! D’ailleurs tout récemment, une troisième recrue au domaine De Sousa est venue prêter patte forte aux deux équidés aguerris, nous avons nommé Galopin.
Quant à Julie, être une vigneronne qui pratique le labour équin relève également de la rareté. Cependant, la Côte des Blancs présente aujourd’hui une parité chez les vignerons et vigneronnes pratiquant le labour équin. Une technique ancestrale qui pourrait donc revenir au goût du jour, ses nombreux bénéfices n’étant désormais plus à prouver !
Quand les animaux mettent la main à la patte
Plus tard, Julie aimerait avoir sa propre ferme pour s’installer avec ses chevaux. Tout comme un grand nombre de vignerons, et notamment Adrien Renoir, viticulteur à Verzy qui pratique l’éco-pâturage depuis 2021, elle n’est pas contre l’idée d’avoir quelques moutons missionnés à brouter le couvert herbacé de ses parcelles !
Il faut dire que les animaux s’avèrent être d’excellentes alternatives aux pesticides ! Parmi les plus communs arrivent en tête du podium moutons, cochons et poules. Ces dernières se révèlent être de vraies éradicatrices d’insectes. Les animaux sauvages, comme les oiseaux et les chauves-souris, sont eux aussi invités à chasser les nuisibles. À l’échelle mondiale, les chouettes sont même devenues de vraies pensionnaires des vignobles californiens !
Véritables économies de temps et d’argent, les animaux permettent également une meilleure fertilisation avec leurs déjections en guise d’engrais tout en évitant le tassement des sols.
Comme nous l’avons vu au domaine de Sousa, dans les vignes, nos amis à deux et quatres pattes ont encore de beaux jours devant eux !
