Des huiles essentielles dans les vignes

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Si je vous parle de vignoble bio, en biodynamie, labellisé HVE ou VDC, les Champagne Lovers aguerris que vous êtes ont forcément un tas de noms en tête ! Allons encore plus loin. Connaissez-vous un vigneron qui se qualifie comme “libre” et qui pratique l’aromathérapie dans ses vignes ?

Laissez-moi vous raconter comment Grappers est devenu presque incollable sur le sujet grâce à sa rencontre avec un expert en matière d’huiles essentielles, j’ai nommé Éric Rodez !

Oser sortir des sentiers battus

Éric Rodez a démarré son activité de vigneron en reprenant l’exploitation de ses grands-parents et en suivant les méthodes traditionnelles. En 1984 – millésime difficile, rappelons-nous – le déclic a lieu : il décide de changer ses pratiques culturales sur son domaine dès 1989. Avant-gardiste pour l’époque !

Éric Rodez a consacré 10 ans à redonner vie au sol et au sous-sol de ses vignes et à retrouver un équilibre. Des 1995, son domaine a été progressivement conduit vers les pratiques organiques (généralisées à partir de 2002). Certifié en bio et biodynamie, il est l’un des rares à avoir poursuivi jusqu’à l’aromathérapie, sur la totalité du domaine depuis 2012.

Bien que cette pratique soit empirique et puisse paraître difficile à adopter pour certains, ce n’est pas ça qui a freiné Éric Rodez, convaincu des bienfaits potentiels des huiles essentielles sur le vignoble. Il se forme auprès du pionnier en la matière, Éric Petiot, paysagiste-arboriste de formation ainsi que naturopathe et herbaliste. Il est l’auteur de l’ouvrage : Les huiles essentielles pour soigner les plantes.

Nous avons pris conscience que le bio était un tournant important, mais qu’il ne serait pas la solution ultime pour demain. Du bio, nous sommes allés vers la biodynamie. Alors que le bio utilise des produits naturels mais morts (essentiellement des minéraux), la biodynamie se sert du vivant. Cependant, cela ne nous permet pas complètement de nous passer de cuivre et de soufre… C’est alors que l’on arrive à l’aromathérapie.” nous a-t-il expliqué.

Des huiles essentielles pour prévenir et guérir

L’usage des huiles essentielles sur le domaine Rodez remonte donc à 25 ans. Et elles sont très utiles ! Pour défavoriser l’installation du mildiou et de l’oïdium, Éric Rodez utilise par exemple de l’huile essentielle d’origan, idéale pour freiner l’invasion de mildiou, et d’eucalyptus, reconnue pour ses vertus antifongiques. Il n’est pas non plus rare qu’il se serve de l’effet “pompier” du thym, connu pour éteindre un problème. Côté insectes, l’huile essentielle de lavande s’avère être un répulsif de choix, notamment pour les grandes populations de pyrales qui pourraient coloniser ses vignes.

Depuis 2012, Éric Rodez a également systématisé l’usage d’huile essentielle d’orange douce et d’un peu de citron de manière préventive. Cela s’avère efficace, notamment lors des années difficiles, pour prévenir les maladies ou les champignons par exemple.

Avec cette pratique, le comportement du végétal permet d’être moins dirigé et davantage stimulé.

Malgré cette complémentation d’huiles essentielles, il n’est toujours pas possible de produire sans cuivre et sans soufre. Ces derniers laissant tout de même une empreinte beaucoup moins forte que les pesticides de synthèse.

Alors en exclusivité, voici son cocktail : mélanger 50 ml d’huile essentielle dans 100ml d’huile alimentaire bio ajouté à 250 ml de savon liquide qui servira de tensioactif pour rendre le mélange miscible à la quantité d’eau nécessaire pour 1 hectare. Le résultat est concluant. “On se réjouit de voir que l’on peut mener la vigne à la vendange” annonce Éric Rodez.

Quand la viticulture fait confiance à l’aromathérapie

En viticulture, les huiles essentielles ne sont pas autorisées et utilisées pour lutter contre le mildiou et l’oïdium. Elles sont cependant autorisées sur les plantes pour ne pas briser la biodiversité. Il est donc préférable d’axer leur pratique vers cette finalité. Une mise en œuvre qui varie en fonction des conditions de l’année, de l’état de développement et de l’état de sensibilité de la vigne.

En fonction des conditions et de leurs observations dans leurs parcelles, Éric Rodez et son fils Mickaël tirent différentes lignes de conduite en aromathérapie. Soigner ses vignes grâce à l’aromathérapie est donc loin d’être une conduite monotone « J’ai beau avoir 41 vendanges au compteur, j’ai l’impression de recommencer tous les ans et d’en être qu’au début, c’est passionnant ! ».

Aujourd’hui les études sur l’intérêt ou non de l’usage des huiles essentielles sur plantes et sur vignes manquent cruellement : dans les pratiques autorisées, tout ce qui n’est pas écrit est interdit. Mais l’aromathérapie, qui a déjà fait ses preuves sur les êtres humains, pourrait rapidement offrir un véritable champ des possibles dans les vignes, si la viticulture traditionnelle arrive à favoriser la mise en place de cette pratique.

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